Eutopia, le fonds qui voulait développer le « bon pour soi, pour la société et la planète »
En 2019, Camille Kriebitzsch fonde Eutopia avec Antoine Fine, Antoine Regis et Cyrille Bessière. Leur constat : les habitudes de consommation sont en train de changer en profondeur, sur fond de volonté de consommer plus responsable, plus transparent, plus local. En ligne avec ces convictions, ils décident à leur tour d’aider les entreprises nées de cette nouvelle tendance à se développer. Entretien avec celle qui veut promouvoir le « bon pour soi, bon pour la société, bon pour la planète » dans la finance. Et qui est membre, en cette rentrée 2021, du jury du Prix DNV Ready by Carmila.

Quel est votre parcours ?
Diplômée d’une école de commerce, j’ai commencé ma carrière chez Otium Capital, un family office1, où j’ai rencontré mon associé actuel, Antoine Fine. Passionnés de « produits » nouveaux et particulièrement intéressés par les nouvelles tendances de consommation, nous avons développé et déployé une thèse d’investissement autour des « consumer start-up », ces marques qui repensent les produits et services du quotidien. C’est ainsi que le fonds a commencé à investir dans de jeunes start-up, via sa branche « Otium Consumer ».
Pouvez-vous nous présenter Eutopia en quelques mots ?
Eutopia est une branche devenue indépendante d’Otium, que nous avons fondée en 2019. Nous accompagnons aujourd’hui la croissance d’une trentaine de marques engagées qui réinventent ou améliorent les produits du quotidien, à l’image d’Oh My Cream, Merci Handy, Feed, ou les matelas Tediber.
Nous leur apportons non seulement un soutien en termes financiers et stratégiques, mais aussi sur des questions plus opérationnelles : construction de marque, recrutement, développement physique, internationalisation et croissance (levées de fonds, acquisitions).
La dimension « ESG2 » (RSE) est particulièrement importante dans le cadre de nos investissements. Nous nous fixons notamment comme objectif que toutes les start-up accompagnées deviennent « entreprise à mission » dans les deux ans suivant notre entrée au capital.
Pourquoi avoir décidé de miser sur les DNVB en particulier ?
Nous avons repéré une double opportunité : d’un côté une société de consommation qui évolue, et de l’autre un véritable changement de paradigme dans les modes de distribution et de communication des marques. Les réseaux sociaux sont devenus de véritables canaux d’achats, les influenceurs digitaux de nouveaux prescripteurs… Un tournant que les DNVB saisissent en s’adressant directement au consommateur et en se mettant à son écoute pour développer les services et produits qui lui correspondent.
Cette tendance nous semble à la fois porteuse et vertueuse, c’est pour cela que nous voulons les encourager à aller encore plus loin !
Comment identifier le potentiel d’une DNVB ?
Le potentiel d’une DNVB est une combinaison de plusieurs choses. Tout d’abord, un produit travaillé, avec une vraie proposition de valeur, différente de ce qui est déjà proposé sur le marché, une véritable efficacité, doublée d’une marque forte, authentique et incarnée.
Ensuite, il faut qu’il y ait un marché. Que le produit réponde à une demande en croissance, qu’il surfe sur les bonnes tendances, émergentes ou en forte expansion.
Et enfin, une équipe impliquée, tant dans la direction que dans les fonctions support. Quelque chose qui vient des tripes !
Ensuite, côté investisseur, nous sommes à la recherche de certains éléments très pratiques. Une entreprise ayant des niveaux de marge sains, un plan de croissance, un business plan solide.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans leur développement ?
Au-delà de l’accompagnement cité précédemment, nous avons mis en place un certain nombre d’actions pour les soutenir au quotidien. Cela passe notamment par une volonté de développer les synergies entre les marques, parce qu’elles ont toutes quelque chose à apporter. Les entrepreneurs sont amenés à résoudre les mêmes problématiques, à répondre aux mêmes questionnements. Nous avons donc mis en place des événements réguliers par fonction (responsables marketing, responsables financiers, fondateurs…) pour qu’ils puissent partager leurs bonnes pratiques et retours d’expérience. Et pour les questions du quotidien, nous avons également une « hotline » sur WhatsApp et un canal de discussion sur Slack.
Que retenez-vous du prix DNVB ?
Comme je l’attendais, ce prix a été marqué par de belles rencontres : tant avec les entrepreneurs qu’avec les membres du jury et les équipes Carmila. Rencontrer tout l’écosystème qui gravite autour et accompagne ces marques pour les faire grandir renforce ma conviction que le retail a de beaux jours devant lui. J’ai notamment remarqué un véritable engouement pour le physique. Les petits comme les grands acteurs du secteur continuent de croire à ce canal et à miser dessus. J’apprécie de voir que son avenir se fera autour de l’humain et de l’expérienciel !
1 Bureau de gestion de patrimoine
2 Environnemental, Social, Gouvernance