« La réouverture des commerces ne peut plus attendre : nous sommes prêts ! »
Alors que le gouvernement a annoncé une réouverture potentielle des commerces et terrasses de restaurants à partir de la mi-mai, le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC), le PROCOS et les fédérations du commerce demandent une réouverture au plus vite. Marie Cheval, Présidente-Directrice Générale de Carmila, revient dans « Les News du Smart Shopping » sur l’urgence de la reprise pour tous les commerçants. Sans distinction de taille, et sur l’ensemble du territoire. Interview.

Quelle est la situation des centres commerciaux en France actuellement ?

Les centres commerciaux de plus de 20 000 m² sont fermés depuis le 31 janvier 2021, les centres de plus de 10 000 m² depuis le 6 mars 2021 et enfin, seuls les commerces essentiels sont ouverts depuis le 3 avril 2021.
À ce jour, les centres commerciaux en France sont fermés ou restreints aux seuls commerces essentiels (hypermarchés, alimentaire, pharmacies…). Depuis le début de l’année, nos plus gros centres commerciaux ont connu davantage de jours de fermeture que d’ouverture ! Alors même qu’ils sont en capacité de suivre en temps réel le nombre de clients et de s’adapter à des protocoles sanitaires renforcés.
Vous évoquez les protocoles sanitaires, qu’en est-il ?
Depuis plus d’un an maintenant, la santé de nos clients, de nos commerçants et de l’ensemble des équipes qui travaillent dans les centres est une priorité du quotidien. Nous avons élaboré des protocoles stricts, garanti le respect des jauges grâce à nos systèmes de comptage, assuré la distribution de gel, veillé au port du masque et effectué des contrôles avec les autorités de santé. Nos centres sont souvent des espaces clos, mais nous sommes en capacité en temps réel de monitorer les flux et d’adapter les mesures de manière immédiate. À nos dispositifs s’ajoutent ceux de chacune des enseignes, qui ont su faire preuve d’une grande réactivité et d’une grande vigilance. Quels lieux offrent aujourd’hui de meilleures garanties ?
Nos clients eux-mêmes en témoignent ! Selon nos enquêtes, ils sont 93 % à se dire rassurés par les mesures que nous avons mises en place. Bien sûr, comme lors des précédentes réouvertures, les prochaines se feront dans le strict respect des règles. Et nous sommes à la disposition des autorités pour renforcer encore, si nécessaire, ces protocoles. La réouverture ne peut plus attendre, et nous sommes prêts !
Les territoires auront été privés, de longs mois durant, d’un des acteurs majeurs de leur dynamisme. Notamment au niveau économique…
En effet, l’enjeu économique est colossal. Derrière ces rideaux de boutiques fermés se cachent des femmes et des hommes fragilisés, de nombreux commerçants indépendants sans visibilité, des centaines d’employés au chômage partiel. Certaines enseignes qui venaient de s’implanter dans nos centres, comme Primark à Cité Europe (Calais) n’ont pu ouvrir que quelques jours avant de fermer pour cause de restrictions. D’autres, comme les 50 nouvelles boutiques de l’extension de Nice Lingostière, attendent la date d’ouverture pour inaugurer leur magasin. Et que dire des restaurateurs ? Toutes ces enseignes ont besoin de visibilité pour gérer leur personnel, organiser leur exploitation, leur stock, leur relation client, et ce, d’autant plus que le mois de mai est un mois puissant avec notamment la Fête de Mères. Au-delà de l’enjeu économique, il y a aussi un enjeu social. On ne le rappelle pas assez, mais nos centres commerciaux jouent un vrai rôle d’acteur de proximité où se tisse le lien social. Nous avons tous envie de retrouver des lieux de convivialité ! Toutes les associations que nous accueillions dans nos galeries, comme Emmaüs par exemple, les actions de solidarité et de santé publique, comme les points d’accueil aux victimes de violence familiale ou les centres de dépistage, n’ont aujourd’hui plus d’espaces où rencontrer la population.
Chaque nouvelle journée d’incertitude fragilise davantage le dynamisme des territoires.
Malgré leur adaptation, la réinvention de leurs modèles, le développement de nouvelles solutions, les commerces ont été particulièrement touchés par la crise sanitaire. Est-il urgent de rétablir l’équité, alors que les pure players du e-commerce, quant à eux, n’ont jamais cessé d’exercer ?
C’est évident ! Nous avons joué le jeu en appliquant les dispositifs sanitaires et en trouvant des alternatives omnicanales pour accompagner les commerçants et maintenir le lien avec les clients. Pendant que les pure players digitaux poursuivaient leur activité sans aucune restriction, nous nous sommes réinventés, en développant des solutions digitales d’e-réservation, d’e-paiement, de click and collect pour les commerçants. Mais leur fermeture signifie, de fait, l’impossibilité de tout retrait en boutique. Cela pénalise fortement les commerçants et les indépendants qui n’ont pas d’activité e-commerce. Et ils sont nombreux ! Nous avons désormais besoin de transparence et, plus encore, d’une décision juste. Comment expliquer à nos coiffeurs qu’ils sont ouverts en centre-ville mais fermés en centre commercial ? Nous appelons aujourd’hui à la réouverture simultanée des commerces, quel que soit leur format ou leur localisation.
Parfaitement conscients de nos responsabilités, nous travaillons d’ailleurs en bonne intelligence avec l’ensemble des commerces du territoire ainsi que les élus locaux, notamment sur la mise en place des protocoles sanitaires. Il est grand temps de recréer les conditions d’une dynamique positive pour le commerce.